94 ans ! Que pensez-vous faire à cet âge ? Clint Eastwood a trouvé : faire de bons films, encore et toujours. Il s’agit ici de son 41ème long-métrage et loin d’être mauvais qui plus est. Comme souvent chez Eastwood, le dilemme moral est au cœur de l’intrigue. Justin Kemp est appelé à devenir le juré n°2 d’un procès sur un féminicide supposé. Les preuves contre le suspect principal, le compagnon de la victime qui aurait battu sa femme à mort avant de la jeter dans le ravin, sont accablantes. Problème : le soir des faits, Justin était dans le même bar et en rentrant chez lui, a percuté avec sa voiture ce qu’il a toujours pensé être un cerf. Convaincu de sa culpabilité et sachant que sa situation d’ex-alcoolique ne joue pas en sa faveur, il garde le silence sous couvert de protéger l’avenir de son futur enfant et essaie de convaincre le reste des jurés de l’innocence du suspect principal, quitte à risquer d’être démasqué. Nicholas Hoult rend très crédible le personnage de Justin, bon père de famille en apparence mais aux méthodes de plus en plus détestables pour cacher son jeu. Citant au début très explicitement le génial Douze en hommes en colère, le film livre une vision bien plus pessimiste. Ici, la quête de la justice se révèle vaine, tant elle est détournée par les biais moraux ou les intérêts des personnages. La réalisation millimétrée de Eastwood met le spectateur au plus près de son protagoniste et de ses doutes, déclenchant des moments de tension intenses. Les autres personnages comme Alisson, la femme de Justin qui constitue avec ce dernier une famille américaine faussement parfaite, ou la procureure, tiraillée entre son sens du devoir et sa carrière politique, influencent fortement Justin et constituent ainsi une force du métrage. Un immanquable de 2024 parce qu’on parle probablement du dernier film de Eastwood et qu’un bon film sur la justice et ses manquements, ça ne court pas les rues ! |
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