Si jamais vous avez pris le temps d’observer les fourmis, ces petits insectes à six pattes qui grouillent sur des monticules de terre brunâtre, ne terminez plus votre incursion par un coup de pied destructeur : ces vibrantes petites bestioles valent la peine d’être respectées !
Il en existe un million et demi d’espèces, aux capacités différentes selon les climats et les environnements, qui peuplent notre planète et parmi elles, certaines comptent plusieurs centaines de millions d’individus.
Ces sociétés de petits êtres microscopiques, tout juste visibles à l’œil nu, présentent beaucoup d’analogies avec les sociétés humaines : une hiérarchie, une communication interne, une organisation du travail et une réelle aptitude à résoudre les problèmes inattendus.
Elles se sont répandues sur la terre entière et leur population est estimée à un milliard de milliards de mini-individus, très organisés, présentant une grande capacité d’adaptation, un étonnant opportunisme alimentaire et une mémoire prodigieuse.
Si elle ont longtemps fasciné les naturalistes, ce n’est que récemment que les progrès du matériel scientifique et de la neuro-éthiologie ont permis de pénétrer plus avant dans la connaissance de leurs micro sociétés.
Antoine Wystrach, jeune chercheur passionné par les neuro-sciences et la biologie de l’évolution, était invité par RTL le 13 mai dernier ICI pour présenter le livre qu’il vient de publier chez Grasset, L’odyssée des fourmis. Il dévoile comment la connaissance de leur génome a permis d’expliquer les comportements divers et stupéfiants des minuscules insectes, car certaines espèces peuvent avoir un million de neurones et chaque neurone peut faire 100 000 connexions.
Les sociétés de fourmis n’ont qu’un seul chef : c’est la reine. Les mâles n’ont qu’une seule fonction, c’est d’assurer la reproduction de l’espèce et décèdent le plus souvent après avoir transmis leur sperme.
L’organisation sociale du nid présente beaucoup d’analogies avec l’organisation sociale humaine. Grâce à une capacité génétique qui leur permet de s’adapter au milieu et à un étonnant opportunisme alimentaire, les fourmis organisent une division du travail, une communication entre individus et une capacité inattendue à résoudre des problèmes complexes.
Elles fonctionnent par équipes spécialisées et chacune est responsable de sa propre mission : les plus anciennes prennent en charge la sécurité ; certaines sont des combattantes qui défendent leur domaine, d’autres sont des bâtisseurs, d’autres sont chargées des approvisionnements et avancent en files organisées et orientées, pour rapporter la nourriture par un chemin que leur mémoire visuelle retrouve sans problème. L’hygiène est le souci constant des soignantes qui désinfectent le nid, neutralisent les épidémies en produisant antibiotiques et fongicides. Les chercheurs de l’Unité Sorbonne Paris Nord en ont ainsi accueilli une colonie qu’ils entraînent à détecter les cellules cancéreuses car elles ont le pouvoir d’en détecter l’odeur !
MONIQUE