Bulle de Monique du 20/12/2022

20 décembre 2022

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On estime qu’en France deux millions de personnes de bonne foi, possèdent des armes sans autorisation de détention. Pour cette raison, la  Préfecture de Police de Paris a lancé un appel télévisé pour inviter les citoyens se trouvant dans un tel cas à se mettre en règle soit en les faisant enregistrer soit en les faisant officiellement détruire.

pistolet Inquiète de détenir un pistolet 6.35 (bien qu’accompagné d’une autorisation de détention d’armes mais devenue caduque), j’ai décidé de m’en défaire  en le remettant avec ses cartouches à deux policiers qui sont venus très protocolairement le chercher à mon domicile et m’ont délivré un reçu officiel.

Pourquoi ce dangereux objet se trouvait-il chez moi ? Je l’avais trouvé au fond d’un tiroir, en déménageant le domicile de mes parents et, je ne résiste pas au plaisir de révéler son histoire à mes amis lecteurs du Petit Bol d’Air.

C’est au début des années 1970 que mon père eut l’occasion de nous faire découvrir ses talents de détective. Victime de deux cambriolages successifs de son magasin d’optique, il se lança avec un acharnement proportionnel à l’ampleur de sa colère, dans une partie de gendarmes et de voleurs qui lui permit de développer avec une volupté certaine, un goût caché pour la bagarre.

Opticien ou détective ? les deux mon Général !

La première effraction fut le bris et la mise à sac d’une petite vitrine dans laquelle étaient présentés jumelles, baromètres et microscopes. La plainte qu’il déposa resta sans suite policière, alors que plusieurs fois, au cours des week-ends suivants, un monte en l’air sévissait selon la même méthode pour s’emparer d’appareils photo, de caméras ,et de radios chez d’autres commerçants de la ville..

Quelques semaines plus tard, l’amateur d’objets scientifiques, rendait à nouveau visite à sa première victime, emportant cette seconde fois beaucoup plus de marchandise que la fois précédente. C’en était trop ! pour la forme mon père déposa une seconde plainte, mais prit lui-même l’initiative d’une enquête parallèle. Il fit la tournée des autres « cambriolés » et réunit une petite somme d’argent pour faire passer dans le journal local, une annonce promettant une récompense à qui fournirait un renseignement susceptible de démasquer le ou les coupables. « La balance » ne se fit pas attendre et c’est sur un plateau qu’il put apporter à la police tous les éléments nécessaires pour arrêter un repris de justice, habitant un petit pays à quelques kilomètres de la ville.

Vexés de la concurrence, les professionnels de la traque lui firent remarquer qu’avec de l’argent, le succès était facilement à la portée du premier opticien venu, mais s’en allèrent immédiatement quérir l’intéressé à son travail. Ce dernier, soi-disant en proie à un besoin pressant leur demanda qu’on lui laissa le temps de le satisfaire, ce qui lui fut accordé. Trouvant l’attente un peu longue, quand les gendarmes enfoncèrent la porte, le contorsionniste des vasistas leur avait faussé compagnie !

Mon père était furieux ; il ne dormait plus et élaborait des plans qui le rendaient d’une humeur tellement massacrante, qu’il m’envoya pour une broutille, la seule gifle qu’il ne m’ait jamais donnée. Finalement il élabora un stratagème sophistiqué. Avec l’intuition que « sa marchandise » allait être écoulée aux Marché aux puces de Lyon, il partit un dimanche matin, pour se livrer à un repérage. Sur un stand, il avisa un microscope ; il le tourna dans tous les sens et demanda au vendeur s’il n’aurait pas quelque chose de plus perfectionné. « Allez plutôt voir la petite dame là-bas, elle est plus spécialisée que moi » lui conseilla-t-il.

« La petite dame là-bas » n’avait pas ce qu’il cherchait, mais il lui raconta qu’il avait un fils étudiant en médecine à qui il voulait offrir un microscope « comme ci et comme ça », mais surtout comme l’un de ceux qui lui avaient été dérobés. La  «spécialiste » lui dit « Je peux vous avoir ça : revenez dimanche prochain, je vous l’apporterai ». Mon père avait bien mijoté son affaire. Il lui raconta qu’il était représentant, qu’il partait incessamment pour une tournée de plusieurs semaines et qu’il voudrait faire cet achat avant son départ : pour la mettre en confiance, il lui remit une fausse carte de visite de « voyageur de commerce » que, prévoyant, il s’était bricolée.

Le coup réussit : la brocanteuse lui donna son adresse et l’invita à passer dès le lendemain chez elle. Il ne se fit pas prier et dès potron-minet se présenta au rendez-vous, non sans avoir pris la précaution de se faire accompagner par deux inspecteurs de la police lyonnaise qui prirent la « planque » en bas de I’immeuble, tandis qu’il montait seul.

La receleuse le reçut très cordialement, lui présenta « le tonton » et « le fiston » et sortit SON microscope qu’elle posa sur la table de la cuisine. Le marché fut aussitôt conclu : il exhiba ostensiblement un portefeuille bourré de billets de banque afin d’appâter sa vendeuse et paya rubis sur l’ongle. Ayant ainsi acquis la confiance de l’aimable assistance et éteint toute lueur de méfiance, il confia qu’il avait très envie d’un bel appareil photo.

Le résultat ne se fit pas attendre. « Emmène le Monsieur au grenier dit la patronne à son fils et dis-lui de regarder lui-même dans le stock si il y a quelque chose qui l’intéresse ».

Bien sûr que cette véritable caverne d’Ali Baba l’intéressait ! Il promit de réfléchir, de revenir bientôt et il partit… pour remonter quelques minutes plus tard, accompagné des deux inspecteurs de police qui n’eurent plus qu’à « embarquer » tout ce beau monde.

L’histoire n’est pourtant pas finie, car le cambrioleur était toujours en cavale. Cette affaire tombait bien mal pour un homme qui devait convoler en justes noces quelques semaines plus tard. Le domicile de sa fiancée fut mis sous surveillance et c’est ainsi que l’amoureux transi perdit à la fois la liberté et la dulcinée qui ignorait tout de ses agissements. On apprit que chaque nuit de week-end, il chargeait de ses larcins une charrette à bras avec laquelle il repartait vers son futur nid d’amour dont il n’eut pas le loisir de profiter, pas plus qu’il n’épousa la belle.

Comme il effectuait ses expéditions à main armée, son procès eut lieu aux assises. A la barre, mon  père raconta ses péripéties. « Lisez-vous des policiers ? », lui demanda le Président  et sur sa réponse négative, il ajouta : « Eh bien, un conseil : écrivez-en ! ».

Quand le prévenu eut purgé sa peine, il envoya des lettres de menace à l’auteur de son incarcération à qui la police remis une arme dont il n’eut heureusement jamais à se servir et qui ne lui fut jamais réclamée.

MONIQUE

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